25 novembre 2023 : Festival du livre de Colmar 2023 partie 1 : Fame, remember my name !

Nota : la seconde partie de ce récit se trouve ><

25 novembre 2023, 8h36 du matin. Le ciel fait honneur à la réputation du mois de novembre alors que je franchis les portes du Parc des Expositions de Colmar, découvrant un lieu immense. Démesurément immense. Un lieu qui à lui seul doit être capable d’accueillir l’ensemble des salons du livre que j’ai fréquentés de ma vie, y compris en temps que simple lecteur.

Après quelques minutes, enfin je trouve le stand de la librairie Carpe Diem qui m’accueille, et je me rends compte que je suis l’un des premiers auteurs sur place. « Vous êtes bien matinal pour un romancier !» que me dit l’une des libraires… ou plutôt l’une des bénévoles, retraitée du monde du livre, qui vient seconder cette sympathique équipe, le temps du festival. Je fais aussi connaissance avec le reste de la bande, puis je m’installe à ma table. On fait une ou deux photos pour annoncer ma présence sur les réseaux. Mais déjà arrive l’heure de dégainer mon stylo : 9h vient de sonner, les portes s’ouvrent officiellement aux premiers visiteurs alors que peu d’auteurs sont déjà en place.

Je n’ai pas le temps de dire ouf que déjà un homme s’approche de moi. Vous écrivez quoi ? Un conte philosophique, un roman de développement personnel, et un roman d’aventures / science-fi… je n’ai pas à en dire plus que déjà il me prend un exemplaire de « C’est arrivé en avril », mon premier petit bébé, qui part à peu près trente secondes après l’ouverture des portes. Merci donc à Simon pour cette première vente de bon matin. Comme quoi, se lever tôt peut parfois payer…

Alors que le livre de Simon est encore en caisse, un groupe de visiteurs matinaux entre à son tour par la porte d’accès, située juste face à mon stand. Un groupe qui ne m’est pas inconnu : c’est la bande de polardeux rencontrés un mois plus tôt au festival sans nom, auquel s’est joint une chroniqueuse partenaire de M+ éditions. Dès qu’ils me voient, c’est razzia sur ma table. On a la joie de nous retrouver, on fait quelques photos, et hop, Isabelle et Christelle (alias «My books in Wonderland ») se laissent embarquer par les aventures d’Aurélie dans « Le livre qui parle de toi » tandis que Fabien va s’envoler aux côtés de Rainbow, direction « L’inaccessible étoile ». Nous sommes donc cinq minutes après l’ouverture du festival, et j’ai déjà vendu quatre livres, qui dit mieux ?

La réponse va tomber bien vite. Et mes craintes de la rupture de stock vont elles aussi se dissiper. À une quinzaine de mètres de moi vient s’installer une jeune femme, dont j’avais vaguement déjà entendu le nom. Qui est-elle, je ne saurais le dire. La cinquantaine de lectrices aux yeux pleins d’étoiles qui aussitôt fondent sur son stand auraient pu me renseigner. Très vite, une file d’attente se forme devant son emplacement, obligeant cette autrice à quasiment signer à la chaîne. « Mais vous ne connaissez pas Sophie Jomain ? » qu’on me dit face à mes yeux éberlués. Ben… non. Ou juste un peu. J’avais vaguement entendu son nom que j’ai vu passer sur bookstagram, mais j’étais surtout vaguement le seul dans mon cas, tant la foule des admiratrices de tous âges se massant à sa table est impressionnant !

Au même moment, ceux qui seront mes voisins de dédicace arrivent et s’installent. À ma gauche, Michel Rederon, auteur spécialisé en romans sur les secrets de famille. À ma droite, vêtu de son éternel chapeau, Tigran à la voix grave qui plaît aux dames, auteur parisien ayant vécu des expériences chamaniques entre la Sibérie et l’Amérique du Nord, aventures qu’il a déclinées en deux trilogies.

Mais la vraie question n’est pas celle-ci. La vraie question est qui avons-nous devant nous. La réponse tombe sous nos yeux : personne. Même celles qui quittent Sophie, leurs livres dédicacés à la main le font par une autre direction, qui ne les mène pas à nos tables. Je jette alors un regard environnant. À ma gauche, un auteur au regard comme moi dans le vague, à ma droite, son homologue les yeux dans son portable. Lui par contre va très vite avoir des clientes, car visiblement mon chamane de voisin a aussi son fan-club, des gens qui le suivent depuis des années, passionnés d’ésotérisme ou de croyance des peuples premiers. Comme quoi, être un habitué ayant écrit deux trilogies, ça aide…

Entre temps, d’autres auteurs arrivent. Des auteurs amis, mais qui hélas sont sur d’autres stands que moi. Olivia Jones, Kate McAlistair, Naëlle Charles, Julia Mattera et la toujours souriante Karine W. Meyer… on se salue en vitesse, mais on a tous du boulot : trouver nos lecteurs… ou convertir des inconnus à nos écrits.

Il est alors temps de passer à la vitesse supérieure. Si je ne suis pas célèbre, à moi de le devenir. Après un quart d’heure à voir les festivaliers se contenter de jeter un bref regard à mon nom avant de passer leur chemin, je décide de passer en mode proactif. Je dégaine alors mon arme fétiche : un lot de marque-pages que je commence à tendre aux visiteurs. Grâce à cette méthode, je parviens à retenir l’attention de quelques passants, auxquels je pitche mes romans. Si beaucoup vont « y réfléchir » ou me promettent de revenir « plus tard » avant de poursuivre leur chemin, je parviens néanmoins à convaincre Marc et Téo de se lancer dans l’aventure de « L’inaccessible étoile », tandis que Jocelyne se reconnaît en Aurélie et son « livre qui parle de toi ».

C’est ainsi que s’achève la première matinée. Quatre livres vendus dans les cinq premières minutes, trois dans les trois heures qui ont suivi. Entre temps, Jean-Baptiste Andrea, le lauréat du Prix Goncourt est arrivé. À voir la file d’attente devant sa table, à l’autre bout du stand de la librairie, j’ai de la peine pour son poignet, tant son statut d’auteur primé a pour pendant la dédicace à la chaîne.

Je profite d’une accalmie aux alentours de midi et demi pour – en vitesse – aller manger. Sur le chemin de la cantine des auteurs, je croise une équipe de cosplayers déguisés en personnages de La guerre des étoiles. À table je retrouve avec plaisir Jean et Margot Le Moal, auteurs de la célèbre série « Bretzel et beurre salé », que j’ai découvert lors d’un salon précédent. Mais déjà il est temps de retourner à nos stands, repartir en chasse !

À peine je reprends ma place, une dame me fixe. Elle est persuadée de me connaître. Problème : elle vient de Troyes – ville qui n’est pas juste à côté de Colmar – et se doute bien que je ne suis jamais passé de par chez elle. Mais alors d’où me connaît-elle ? C’est là que ça lui revient ! Mais c’est bien sûr ! Je suis cet internaute qui, depuis deux semaines au moins, commente tous les posts du festival du livre ! Celui qui l’a d’ailleurs renseignée sur l’un de ses auteurs fétiches par écran interposé ! Comme quoi, être actif sur les réseaux sociaux, ça aide 🙂 Résultat des courses : Gaëlle se laisse tenter par « Le livre qui parle de toi », tout comme Claudine juste derrière elle.

Peu de temps après ce duo, Virginie – du blog « les mots de Virginie » – vient à son tour me voir. Je la remercie de vive voix pour sa merveilleuse chronique de mon « inaccessible étoile », nous faisons quelques photos ensemble, puis elle repart elle aussi avec « l’autre roman que j’ai publié chez M+ », à savoir mon bon vieux « Livre qui parle de toi ». Dans la foulée, Tiphaine et Cathia suivront elles aussi les pas d’Aurélie et de son mystérieux livre, tandis que Mathilde et une jeune lectrice mystère vont tour à tour ouvrir leurs ailes à mon oiseau fixant la lumière de « L’inaccessible étoile ».

Pourquoi tant de mystère autour de cette étrange lectrice ? Disons qu’au moment de lui dédicacer mon roman, elle m’explique ce qui l’a attirée vers mon livre. Et cette cause, j’y suis moi-même confronté en tant qu’auteur, tant et si bien que j’avais déjà commencé à mener mon enquête à ce sujet, mais que certains points restaient encore obscurs à mes yeux. Pas aux siens. Et après édulcoration de cette portion de texte pour ne pas trop en dire, je peux juste vous confesser qu’il y aurait de quoi écrire non pas un thriller, mais LE thriller. Et ce serait juste effrayant…

Encore sous le choc, je m’apprête à reprendre les dédicaces quand une jeune femme m’aborde. Céline ne vient pas m’acheter mes romans. Céline est animatrice sur RDL 103.5, la radio partenaire du festival. Sa mission est de trouver des auteurs qui « ont du répondant » et qui sont OK pour une interview radio. Or rappelez-vous de ma bonne résolution du jour : Si je ne suis pas célèbre, à moi de le devenir. J’accepte donc. Rendez-vous est pris pour le lendemain à 9h20 tapante, sachant que l’émission sera diffusée après le festival et n’aura donc aucun impact sur mes ventes du jour J.

Après ce moment de rush, retour à l’accalmie. Au calme plat même. J’essaie ma technique des marque-pages, ça marche un peu, mais surtout ça gêne certains, qui ne veulent tout simplement pas entendre parler de moi. Tu veux vendre des livres ? T’avais qu’à être célèbre avant ! Avis aux casteurs chargés de relancer « Secret Story » ! Bref, pour ne plus importuner ceux qui ne désirent pas me découvrir, j’arrête un temps ma politique proactive. Je reste bien sagement à ma place. Et ça marche : je ne dérange plus personne. Je redeviens transparent. Personne ne me sort plus de « je reviendrai plus tard » vu que tout simplement plus personne ne vient me voir. 0 + 0 = la tête à Toto !

Après une demi-heure passée dans la peau de l’homme invisible, je décide d’aller faire un tour. Je vais voir quelques auteurs que j’avais l’intention de (re) voir à l’occasion, et de prendre leurs romans aussi. De cette virée acheteuse je repars avec des romans de Carene Ponte, Delphine Giraud, Claire Norton et d’un confrère ayant signé sous pseudo chez M+ : c’est ainsi que le premier volet des mémoires arméniennes de Ian Manook – l’un des deux auteurs du projet Page Comann – atterrit dans mon escarcelle.

À mon retour, je décide de n’écouter plus que moi. Je dois redevenir le clou qui dépasse, quitte à m’attirer les foudres du marteau. Alors mes marque-pages ressortent. Grâce à eux, entre deux « je repasserai », je parviens à placer « Le livre qui parle de toi » entre les mains d’une nouvelle Virginie, de Jennifer (pas la chanteuse!) et de Manon, tandis que Yolande et Madeleine s’intéressent à mon drôle d’oiseau rêvant devant « L’inaccessible étoile ». Je rencontre aussi Sylvie alias SylvieDoc, une grande lectrice Babelio, qui de plus est documentaliste en lycée. J’en profite pour lui dire que je suis ouvert à des interventions auprès de scolaires… allez savoir, mon « inaccessible étoile » finira peut-être au programme !

Dehors, le non-jour cède sa place à la pénombre, voire au côté obscur. C’est alors que les cosplayers rencontrés lors de la pause déjeuner entrent dans le hall n°2, celui qui abrite notre librairie. Deux stormtroopers impériaux s’approchent de moi, smartphone à la main. « C’est toi, le fils de Dark Vador ? Il viendra te voir demain ! » qu’ils me disent, me mettant sous le nez l’un des commentaires laissés quelques jours avant sur Facebook, où je réagissais à leur venue en me présentant comme « le fiston » de l’homme au masque noir… me voilà prévenu !

Puis vient bientôt l’heure de clôturer cette première journée. Alors que je m’apprête à regagner mon train, je trouve enfin Jean-Baptiste Andrea seul. Alors j’ose aller le voir. Le prix de rien du tout face au prix Goncourt. L’homme que je découvre est vraiment étonnant. Alors que tant de nos contemporains auraient pris la grosse tête pour la moitié du quart de ce qu’il a accompli, lui a su rester simple, sincère, accessible, me racontant ses débuts qui par bien des égards ressemblent aux miens. Une rencontre lumineuse qui me donne envie de lui offrir mon inaccessible étoile, non par flagornerie – je sais bien que ça ne marche pas ainsi – mais en raison de la rencontre humaine qu’il a représenté pour moi. Cependant sur le coup j’hésite, justement de peur que cela soit mal perçu. Il me faudra la nuit pour me décider car le lendemain, je sauterai le pas.

Mais avant ce lendemain, il me faut rentrer. Me masser dans un train bondé comme jamais, en raison du marché de Noël de Colmar, qui attire des touristes du monde entier. C’est ainsi que je fais la rencontre de deux Argentines en vacances en Europe, une blonde et une Amérindienne dont un oncle est chaman. Comme mon voisin de salon quoi. Et si c’était le Karma ?

Après une panne de loco qui nous immobilise presque une heure en gare de Mulhouse, j’atteins enfin la maison sur les coups de 22h, ou un repas chaud m’attend puis direction dodo, car demain, je dois à nouveau me lever à 5h45, pour le second jour de salon.

Mais ça, c’est une autre histoire… que je vous raconterai ici !

Bilan des courses donc : 18 livres vendus. Pas terrible. Mais demain, on va essayer de faire mieux !